Modification des performances physique avec l'altitude
1) l'entraînement en altitude
Pourquoi s'entraîner en altitude ?
Dans un cas comme dans l'autre, l'organisme doit se transformer pour faire face à une baisse du rapport oxygène disponible / besoins en oxygène. Soit les besoins sont plus élevés (exercice aérobie1), soit la disponibilité est moindre (altitude). Quelle que soit la condition rencontrée, l'organisme cherchera à maintenir un apport d'oxygène suffisant. A terme, ses capacités à capter, à transporter et à utiliser l'oxygène seront augmentées.
C'est exactement ce que vient chercher le sportif qui décide de s'entraîner en altitude.
2) Vivre haut et s'entraîner bas
Les avantages de l'altitude peuvent provenir :
- du processus d'acclimatation qui augmente les capacités de transport et d'utilisation de l'oxygène.
- d'une intensification des "stress d'entraînement".
Nous avons remarqué que ce second avantage ne pouvait qu'être limité par une nécessaire réduction des niveaux d'entraînement.
Deux chercheurs texans (Levine et Stray-Gundersen) ont proposé un concept devant permettre de tirer partie des deux avantages. Comme son nom l'indique, ce concept baptisé "vivre haut, s'entraîner bas" consiste à vivre en altitude et à s'entraîner en plaine.
1 En présence d'oxygène
Selon ces chercheurs, ce type de comportement est le seul susceptible d'apporter un réel bénéfice au sportif. Le taux de globules rouges, la production d'EPO, la VO2max et finalement les performances seraient augmentées.
Pour parvenir à mettre en œuvre une telle organisation de l'entraînement et de la vie du sportif, deux types "d'environnements" peuvent
être utilisés :
- un environnement naturel permettant de passer rapidement du niveau de la mer à une altitude élevée. Un tel endroit existe par exemple à la Réunion. Le centre de l'île de la Réunion est situé à 1500m d'altitude et permet en 30 minutes de descendre s'entraîner au niveau de la mer pour remonter se coucher en altitude.
- un environnement artificiel recréant les conditions de l'altitude. Depuis quelques années, des centres disposant de caissons hyperbares ou de chambres dépressurisées ont été aménagés.
3) L'entraînement en altitude permet-il d'améliorer les performances au niveau de la mer ?
A. NON
En 1975, Adams et Coll ont formé deux groupes de six coureurs de demi-fond bien entraînés. Le groupe A s'entraîna 3 semaines au niveau de la mer puis 3 semaines en haute altitude (2300m). Le groupe B fit l'inverse. La performance à un test de 3,2 kilomètres et la VO2max des sujets furent évaluées régulièrement pendant les deux phases d'entraînement.
Au cours du séjour en altitude, la VO2max des athlètes baissa de plus de 17% et la performance de plus de 7%. Ces résultats s'expliquent logiquement par la rareté de l'oxygène. En revanche, ce qui était moins attendu c'est l'absence d'amélioration des performances après le retour en plaine. Loin d'avoir des effets bénéfiques sur l'aptitude aérobie, le séjour en altitude avait même engendré une légère baisse (près de 3%) de la VO2max des athlètes.
Depuis 1975, de nombreuses études ont confirmé l'absence d'effets bénéfiques sur la performance en plaine de séjours effectués en altitude. D'autres recherches ont établi le contraire…
B. OUI
En 1996, une équipe de chercheurs autrichiens a comparé les résultats obtenus par deux groupes de coureurs amateurs. Un groupe vivait et s'entraînait au niveau de la mer (187m) l'autre groupe vivait et s'entraînait en altitude (2315m). Les deux groupes ont réalisé un programme d'entraînement identique s'étalant sur 12 jours et comprenant de l'intervalle training et des courses à allure régulière.
Pour les 2 groupes, la performance était mesurée au niveau de la mer à trois reprises : 1 semaine avant, 3 jours et 2 semaines après la période d'entraînement.
Après entraînement, le groupe "altitude" a montré une augmentation de VO2max et de performance bien supérieure à celle du groupe "mer".
Pour les chercheurs, l'entraînement en altitude est un moyen très intéressant pour élever le potentiel aérobie des coureurs amateurs. La méthode préconisée consiste à combiner les courses par intervalles et les courses continues en régulant l'intensité de l'effort par des niveaux cardiaques maintenus constants.
Les nombreuses différences de protocole permettent de comprendre une partie des différences observées. Parmi celles-ci, le moment de l'évaluation a son importance.
C. Parfois OUI, parfois NON
Lors du retour en plaine, suite à un entraînement en altitude, l'organisme passerait par trois phases successives :
- Dans un premier temps (0 à 5 jours), l'organisme serait en mesure de réaliser de très bonnes performances
- Dans un deuxième temps (6 à 12 jours) sa capacité de performance est amoindrie. Cette phase dépressive correspondrait au temps nécessaire pour assimiler les stress provenant de la montée en altitude, de l'entraînement en condition d'hypoxie (faible quantité d'oxygène) et du retour en plaine.
- A partir du 12ème jour et jusqu'à 30-50 jours, une phase de surcompensation serait propice à la réalisation de performances aérobies.
Ces trois phases seraient corrélées aux modifications biologiques ( activité enzymatique…) mesurées au niveau de l'organisme du sportif. Elles permettraient d'expliquer les différences de performances obtenues par les sportifs à leur retour en plaine.
Pour conclure, il est probable qu'un entraînement…
- bien mené en altitude
- réalisé au niveau de la mer et couplé avec une vie en altitude
- réalisé à des altitudes moyennes (800 à 1200m)
permette d'obtenir une amélioration des performances au niveau de la plaine.
Plus généralement, une phase d'entraînement bien menée - pendant laquelle toute la vie de l'athlète, toute l'attention de l'entourage, sont portées sur la réalisation de l'entraînement et sur la récupération des efforts consentis - conduira très probablement à de meilleures performances.
Cette remarque veut simplement signifier que l'altitude n'est qu'un moyen d'entraînement supplémentaire que l'athlète peut utiliser quand il a déjà employé toute une gamme de procédés au niveau de la plaine.
Quoi qu'en disent les adeptes des modes passagères, le miracle ne se produira certainement pas plus dans les montagnes qu'ailleurs.